LES CARNETS DE L’ANGE AVEUGLE – Le Paris de Balzac n’existe pas
20 décembre 2009
5, rue du Sentier
Dans Le Bal de Sceaux, Maximilien de Longueville remet sa carte de visite au comte de Kergarouët, l’oncle de la belle Emilie de Fontaine. Il habite au 5, rue du Sentier.
Façade très étrange. Pas de numéro visible. Entre le 3 et le 7. Déduction. L’immeuble semble encastré dans une banque qui fait l’angle, rue Réaumur. Malgré la maigre annonce rouge d’un show room, il paraît désaffecté. La noblesse parisienne a abandonné la rue du Sentier au moment de la Révolution, ce qui rend la position de Maximilien de Longueville d’autant plus ambiguë.
Heureusement, une moto est posée là, en l’attente de je ne sais quel héros de roman. Dans la vie réelle, je n’aime pas les motos. Mais comme motif photographique, je trouve ces machines plutôt intéressantes. Elles ne brisent pas l’image comme toutes ces voitures banales, sans âme, qui rendent la photographie urbaine si laborieuse. Un motif de solitude, d’érotisme et de mystère. Curieusement, au dessus de cette moto, sur le mur, un graffiti bleu assez similaire à celui qui accompagnait cette autre moto, photographiée cet été dans le quartier Santos de Lisbonne. Eça de Queiros retrouve Balzac.
Article suivant : Au coin de la rue de la Paix