21 décembre 2009
Au coin de la rue de la Paix
Le moment dramatique du Bal de Sceaux se passe dans un riche magasin de lingerie situé “au coin de la rue de la Paix”. C’est là qu’Emilie de Fontaine découvre le bel inconnu dont elle est amoureuse, Maximilien Longueville, “assis dans le comptoir et occupé à rendre avec une grâce mercantile la monnaie d’or à la lingère avec laquelle il semblait en conférence. Le bel inconnu tenait à la main quelques échantillons qui ne laissaient aucun doute sur son honorable profession”. Elle qui rêvait d’épouser un Pair de France se trouve humiliée d’être tombée amoureuse d’un trivial commerçant, aussi séduisant soit-il.
Certes, la rue de la Paix a plusieurs coins. Mais sans hésiter, je décide qu’il ne peut s’agir que de celui qui fait angle avec la Place de l’Opéra. D’ailleurs, il y a toujours là une boutique vendant des pèlerines, un franchisé béni et de bon ton.
Beaucoup de passage en cette période de fêtes. Il me faut de la patience pour obtenir une vue claire de la colonne Vendôme. “La patience est la vertu des ânes” était le titre d’une gravure de Daumier se moquant des prétentions artistiques de la photographie naissante.
J’aime que l’immeuble soit marqué en grandes lettres blanche du mot COMMERCE. Cela me permet de partager un instant le haut-le-coeur aristocratique d’Emilie de Fontaine. A côté de moi, une maman indique à sa petite fille la Rue de la Paix : “Tu vois, c’est la rue la plus riche du monde”. Je suppose donc que c’est la dernière case de la version française du Monopoly. Si je me souviens bien, dans la version belge, c’était la Rue Neuve.
J’hésite à en conclure que la malheureuse mendiante assise sur la marche de notre immeuble est la plus riche de France.
Je contourne l’angle et m’offre un reflet de l’Opéra avec benoît placement de marque. Béni et de bon ton.

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