Moscou, 28 novembre 2009
Heureux hasard du calendrier. Une mission à Moscou nous permet d’assister à une représentation du Wozzeck d’Alban Berg au Boshoi. C’est vraiment un événement : l’oeuvre n’avait plus été montrée en Russie depuis 1927, lorsque le Marinsky de Leningrad fut la troisième scène d’Europe à accueillir cette oeuvre radicale, après Berlin et Prague. En 1927, le réalisme socialiste n’avait pas encore disqualifié la musique contemporaine et Wozzeck avait une dimension forte de conflit de classe qui ne pouvait déplaire.
La mise en scène de Dmitri Cherniakov tranche d’emblée avec les traditions plutôt conservatrices et routinières du Bolshoi. Le décor suggère un ensemble d’appartements en coupe verticale (L’idée initiale de ce type de représentation d’une vie urbaine bourgeoise se trouve dans les années 1880 chez Albert Robida, mais ici le design d’ensemble est plutôt post-moderne. Dans son papier, George Loomis, le critique du New York Times, gourmande un peu la lecture petite-bourgeoise du drame, qu’il aurait voulu plus expressionniste. Mais l’ensemble a du tonus et l’ensemble se voit avec un grand mélange d’émotion et de plaisir intellectuel. La soprano américaine Mardi Byers défend le rôle de Maria avec une force incroyable, et avec tendresse.
Petit album photo par votre serviteur ici et un extrait de la diffusion sur Mezzo
Paris, 22 novembre 2016