15 juin 2021.

Quelqu’un, je ne sais plus qui, m’a dit un jour que la vue de la terrasse du Panthéon était magnifique. Depuis trente ans que je viens à Lisbonne, je n’y étais jamais monté. Voilà un objectif de découverte. C’est l’occasion de retraverser la Feira da Ladra, le « marché de la voleuse », la grande brocante qui se tient le mardi sur le Campo de Santa Clara, entre l’église de São Vicente et le mausolée. La pandémie et l’absence des touristes laissent des traces désastreuses : il y a très peu de vendeurs et quasi pas de clients. Il faut dire que nous arrivons tard et que tout le monde attend le match du jour, qui doit se tenir à 17 heures, entre le Portugal et la Hongrie.


Douze gloires nationales reposent au Panthéon. « Amalia est là à droite » vous indique-t-on dès la réception. Elle voisine avec Almeida Garrett, le grand poète romantique. Il y a là des hommes politiques, Manuel de Arriaga (1834-1917), qui fut Président de la République portugaise de 1911 à 1915, Teófilo Braga (1843-1924), Président de la République portugaise en 1915 mais aussi historien de la littérature portugaise, Sidónio Pais (1872-1918), Président de la République portugaise en 1918, le précurseur du fascisme, Óscar Carmona (1869-1951), qui fut Président de la République portugaise de 1926 à 1951, durant la première période du Nova Ordem, le maréchal Humberto Delgado (1906-1965), qui s’opposa à Salazar et fut assassiné par la PIDE. D’autres poètes et écrivains : João de Deus (1830-1896), Guerra Junqueiro (1850-1923), Sophia de Mello Breyner Andresen (1919-2004), Poète, auteure de Livro Sexto, Aquilino Ribeiro (1885-1963) et finalement un footballeur légendaire, Eusebio. Tous les sarcophages sont les mêmes et les dorures indiquant les noms sont toutes fraîches.


La montée à la terrasse est un peu décevante. La vue est loin d’être la plus belle de la ville. On peut surtout découvrir le port, mais la vieille ville se devine à peine.


Finalement, la chose la plus intéressante de l’endroit est, au pied de l’édifice, une maison désaffectée sur laquelle un artiste a habilement peint des esquisses des pièces intérieures. Je suppose qu’il s’agit là d’un rappel que la réhabilitation des vieux immeubles ne devraient pas seulement concerner les quartiers prisés des touristes mais devrait également avoir des objectifs de logement social.

Nous redescendons vers Alfama et retrouvons des lieux plus connus, en particulier le miradouro de Santa-Luzia, dont le panorama a enfin été débarrassé de vieux toits en taule ondulée. Les bougainvilliers sont magnifiques.

Il est dix-sept heures. Rua Sao Tomé, peu avant la statue de Sao Vicente, nous trouvons une table libre à la terrasse du Cantinho do Sol, « le petit coin au soleil », qui était heureusement à l’ombre. L’écran de télévision est fixé sur la façade. Une vingtaine de personnes est attablées, le match vient de commencer. A ma droite, un Angolais en chemise jaune et multiples couleurs égraine un chapelet pendant tout le match. Je ne sais pas si il prie pour l’équipe portugaise, pour sa femme ou pour sa vieille maman. Face à lui, une dame consulte quelques papiers. Dos au mur, elle manifeste une indifférence parfaite pour ce qui se passe sur l’écran. La première mi-temps est assez ennuyeuse, mais les Portugais se sont réveillés dans la seconde et l’ont emporté par 3 à 0, dont deux par Ronaldo. C’était très gai. Chaque fois qu’apparaissait Ronaldo, quelqu’un murmurait « Entao, Georgina ! ». « Et alors, Georgina ». Vérification faite, Georgina est la nouvelle petite amie de la star. Tout cela était bon enfant. Au moment du tir de penalty, j’ai juste le temps de me placer face au public pour saisir les réactions. Au deuxième étage, un voisin avait refusé de descendre. Les habitués L4interpellaient chaque fois qu’il y avait une phase intéressante. A la nonantième minute, il a donné un retentissant coup de sifflet.




Plutôt que de redescendre vers la Baixa en longeant la cathédrale, comme tout le monde le fait, et comme nous-même nous le faisons habituellement, nous remontons par la rue de la Saudade, longeons l’amphithéâtre romain et débouchons sur la Rua de São Mamede. Je me souviens d’être passé une fois par ici, il y a quelques années, mais je n’avais pas remarqué le joli Palácio Conde de Penafiel dans lequel est installé le Secrétariat de la Comunidade dos Paises de Lingua Portuguesa.







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