Lisbonne dans l’attente

10 juin 2021

Nous revoici à Lisbonne. Les autorités portugaises demandent pour l’entrée sur le territoire en test PCR de moins de quarante huit heures. Il n’y a pas de contrôle à l’entrée. Celui-ci est fait au départ, en principe, par la compagnie aérienne. Je présente à l’hôtesse le code QR de mon attestation, très facilement transférée sur l’application TousAntiCovid de mon smartphone. Elle me sourit, ne le contrôle pas sur le lecteur.

Le Portugal a connu un confinement moins sévère qu’en France. La situation paraissait maîtrisée ces dernières semaines, mais, depuis quelques jours, l’inquiétude monte à nouveau. Le variant Delta se propage à Lisbonne et dans la vallée du Tage. Déjà 92 cas ont été enregistrés. L’indice de transmissibilité (Rt) présente des valeurs supérieures à 1 au niveau national (1,07) et dans toutes les régions sanitaires, à l’exception de la région Nord, suggérant une tendance à la hausse, plus accentuée dans la région de Lisbonne et la vallée du Tage, qui enregistre un Rt de 1,12. « Poursuivant ce taux de croissance, le délai pour atteindre le taux d’incidence cumulé de 14 jours de 120 cas pour 100 000 habitants sera de 15 à 30 jours pour le niveau national, ce seuil ayant été dépassé à Lisbonne et Vale do Tejo », indique un rapport de la Direction générale de la Santé.

Cette alerte tombe mal. Ce week-end est celui des « Santos popolares », la grande fête d’hommage des Lisboètes à Sao Antonio. C’est, en principe, l’occasion d’une grande processions, de mariages sous la protection du saint, et surtout de festivités dans les quartiers populaires, dans les rues d’Alfama, de Santa Catarina ou de Madragoa. Tout cela, comme l’an dernier, est annulé. Les autorités demandent de ne se rendre, ce samedi et ce dimanche soir, dans ces quartiers que pour des raisons impérieuses.

Comme le 10 juin est férié pour cause de fête nationale, les Lisboètes ont fait le pont et son partis en week-end prolongé, en Algarve, en Alentejo, ou à la plage. La ville est anormalement tranquille. Il y a bien Rua Augusta et sur la Praça do Commercio quelques touristes espagnols et français, mais cela n’a rien à voir avec la foule habituelle de la mi-juin. La crise sanitaire internationale a des conséquences catastrophiques pour un pays dont l’essentiel de l’économie repose sur le tourisme. De nombreux restaurants sont tombés en faillite. Les investissements, démesurés, dans les hôtels et appartements pour touristes, prendront plus de temps pour être amortis.

Nous dînons chez Uma, une petite taverne sans prétention de la Rua dos Sapateros, nappes à carreaux rouges, murs tapissés de vieux linos ternes, qui, d’habitude, sert un plat unique, un arroz de mariscos de réputation internationale. En temps normal, il faut faire la queue pour disposer d’une table. Les Asiatiques adorent ce restaurant, dont l’adresse doit figurer en bonne place dans leurs guides de voyage. Mais il n’y a plus de touristes asiatiques et, signe des temps, des plats complémentaires sont proposés, le riz aux fruits de mer a perdu son monopole. La plupart des tables sont désertes. Mais le service est toujours aussi aimable et l’arroz de mariscos délicieux. Il contient cette fois, outre les habituels crabes et crevettes, des facas, des couteaux de mer. Un peu coriaces, à dire vrai.

Le restaurant Uma (Photographie André Lange-Médart)

Après le repas, nous allons, comme à l’habitude, fumer sur le Terreiro do Paço, regarder le Tage tranquille, penser vaguement à Bernardo Soares et à Valery Larbaud. C’est ici que commence mon petit film obscur, Fragments d’intranquillité, que j’ai réalisé le jour de Noël 2008. Le temps, ici, est immobile, une pure invention de l’esprit. Ce soir, il n’y a pas de cargo sur le fleuve, mais un voilier blanc et un barco du Tejo, caractéristique de l’estuaire, bateau à fond plat et à quille, qu’utilisaient jadis les pêcheurs et qui sert à présent à balader les touristes. Je prends quelques photos, mais le Tage est trop large, même pour le Fuji 18 mm.

Le Tage vu du Terreiro do Paço (Photographies André Lange-Médart)

Praça do Comercio (Photographies André Lange-Médart)

2 commentaires

  1. Le Tage…
    Quel calme
    Quelle attente…?
    Pensant à l’ancienne chanson :
    Tout est tranquille
    chit chut…
    On entendrait
    Une mouche voler
    Soudain…
    CRAC BOUM …

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