Ma boulimie brouillonne de bouquins me met à bout. Je passe de l’un à l’autre, n’en finis aucun, l’abandonne, y reviens. Chaque livre en appelle un autre. Hazan et les historiens du Musée Carnavalet m’ont donné envie de trouver le Tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier et les Nuits de Paris de Restif de la Bretonne. Trouver un livre est un prétexte à la promenade. Je trouverai facilement le Mercier, chez Colette, la souriante libraire de la Rue Rambuteau, toujours installée derrière sa caisse vitrée. Mais le Restif est épuisé. Avec un peu de chance, je pourrai le trouver d’occasion chez Gibert Jeune, Boulevard Saint-Michel.

Vendredi après-midi. Je me mets en route tard. J’ai perdu du temps et pesté contre Viewbook, le service néerlandais que j’utilise pour publier mes albums de photos, devenu inaccessible durant quelques heures.



Paris n’est pas désert comme dimanche dernier, mais il y a peu de monde, une atmosphère de tranquillité, propice à saisir quelques sujets sans passants inutiles en toile de fond. Quand peut-on voir ainsi la Place de l’Hôtel de ville, le parvis de Notre-Dame ou la fontaine Saint-Michel ? Malheureusement, quasi tous les bouquinistes sont fermés. Cela m’amène, une fois n’est pas coutume, à ,prendre le Quai des Orfèvres et, en conséquence, à découvrir le monument d’hommage aux Algériens, massacrés par la police de Maurice Papon, le 17 octobre 1961. et dont beaucoup de cadavres seront jetés dans la Seine. La Mairie de Paris veille à la mémoire de la répression : des figurines, un peu images d’Epinal nouveau style, entourent l’Hôtel de Ville, pour célébrer les héros de la Commune de Paris.

Mais la grande nouveauté se trouve sur le Boul’ Mich. Au numéro 20, un groupe immobilier a donné la possibilité au duo d’artistes espagnols Pichiavo de créer une peinture gigantesque sur une palissade de 182m2. La palette en est tellement laide et criarde que je décide de faire, pour mon album photo de la journée, grève des couleurs. Noblesse austère du noir et blanc.



Je ne trouve pas Les Nuits de Paris et l’heure du couvre-feu approche. Les fleuristes du marché ferment leur échoppe. Il est dix-sept heures, Paris s’endort. Pas complètement cependant. Place de l’Hôtel de Ville, un petit groupe de jeunes entourent un danseur de free style et surtout un important groupe d’Africains, femmes, enfants, attendent, assos, avec des sacs, des valises. Quel avenir attendent-ils là en cette heure légalement tardive ? Où va-t-on les conduire ?

Dans le Marais, de petits groupes de deux, trois ou quatre personnes. Plus de happy hour. C’est l’heure où l’on promène le chien. On ne peut pas modifier les habitudes horaires des chiens, n’est-ce pas ?

A mon retour, le service de Viewbook est rétabli. Vous pouvez donc feuilleter l’album de photographies de la promenade du jour ici.
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