4 avril 2021

Dimanche de Pâques à Paris. Les Parisiens ont reçu du Président la permission de partir en vacances. Pas tous. Pas ceux qui n’en ont pas les moyens, pas les Algériens, qui, comme tous les dimanche, manifestent Place de la République, pas les comédiens, qui occupent le Théâtre de l’Odéon. Pas les clochards qui restent là, dans leurs songes. Le Quartier latin n’est plus le quartier des lettrés et des poètes. Place de la Fontaine Saint-Michel, la très ancienne librairie Gibert Jeune vient de fermer définitivement ses portes. On y fait à présent du jogging, comme on fait de la boxe ou de la gymnastique Avenue de l’Observatoire. La Rue Saint-André-des-Bazars, n’en parlons plus. Au jardin du Luxembourg, j’espérais revoir la Fontaine des Médicis. C’était la dernière photo que j’avais prise, le 11 mars 2020, avant le premier confinement, avec le pressentiment que c’était un moment de fin d’époque. Elle est en rénovation. Après, quand cette fichue pandémie sera finie, elle sera toute pimpante., plus fraîche que la nouvelle époque. Reste l’intemporel du jardin : les enfants qui guident les voiliers sur le bassin, les petits poneys, les amoureux et les lectrices solitaires (il y en a de moins en moins et elles lisent des tweets et non plus Rainer Maria Rilke).
« Dans les jardins du Luxembourg
Au printemps se promenaient
Deux jeunes gens main dans la main
Parmi les arbres lui lui parlait
Des hommes pleins de lointain
D’incertitude et d’espérance
Des hommes pleins de lointain
D’incertitude et d’espérance
Des hommes qui deviennent
Un peu plus loin dans le jardin
Une vieille les yeux chassieux
Mendiait son pain
Tendait la main
Lui, c’est le poète Rainer Maria Rilke
Et c’est une rose qui le fit mourir.«
(Colette Magny).











Rue Vavin, je photographie le Balzac de Rodin, entre deux feux rouges, de dos. (Au Musée de Brooklyn, c’est plus surprenant de le photographier de face). Derrière moi, un mendiant râle « Oui, vous allez avoir une jolie photo, mais pour moi, il n’y a rien ». De fait, depuis un an, avec l’essor des cartes de crédit à contact, les riches n’utilisent plus de monnaie, même pour payer leur pain. Le ruissellement de la richesse théorisé par le Président est encore plus tari qu’auparavant. Le Boulevard Montparnasse est quasi désert. Tous les restaurants et les cafés sont fermés, y compris la Closerie des Lilas, et, ici, pas de « happy hours ». Mais que font Sollers et BHL ? Heureusement, le Maréchal Ney est toujours là. Je l’avais déjà photographié lorsque j’étais venu à Paris en 1969, année du Bicentenaire, avec mon ami Jean-Pierre Hautier. Nouvelle photo, in memoriam. Autour du Panthéon et de la Sorbonne, rues vides. Précarité, est-il écrit sur un mur.






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