29 mars 2021

Lundi. Pour célébrer à ma manière le 150ème anniversaire de la Commune de Paris, j’entreprends une promenade de Gambetta à Charonne. La Commune, c’est avant tout une histoire de canons. Donc, je reprends mon Canon, un peu lourd pour cette chaleur d’été précoce. Album photos : https://miroirmagique.viewbook.com/…/de-gambetta-a…Avenue Gambetta, à l’est du Père Lachaise, s’élevaient des barricades. Dans le jardin Samuel-de-Champlain, sur le mur extérieur du cimetière, le monument « Aux victimes de la Révolution », de Paul Moreau-Vauthier, l’homme des bornes Vauthier. C’était une commande du Conseil municipal du XXè arrondissement. L’oeuvre, achevée en 1909, devait trouver place dans le carré des fusillés, à l’intérieur du Père-Lachaise. L’artiste a souhaité rendre hommage à tous les morts de la Commune, les 30 000 Parisiens, mais aussi une centaine de Versaillais. Parmi les visages fantomatiques, gravés dans des pierres qui portent les traces des balles, on peut distinguer celui d’un ecclésiastique, peut-être celui de l’archevêque Darboy, prisonnier que Thiers refusa d’échanger contre Blanqui et qui fut exécuté comme otage. Cette oeuvre bi-partisane fit scandale et le conseil municipal la refusa. Elle ne trouva pas sa place de destination et ne fut jamais inaugurée. Aucune organisation ne la fleurit. En 1942, cependant, sous l’Occupation, des militants communistes déposèrent une gerbe. Ce lundi, un bouquet de roses, pas encore fanées.


Près de la Place Gambetta, le Théâtre de la Colline affiche sa rage d’être fermé. Des panneaux, des affichettes disent tristement le désarroi des artistes.


A la librairie « Le comptoir des mots », je me procure « La Commune et les Communards », de Jacques Rougerie, l’historien qui a retrouvé les archives sous le mythe.

Je descends par la rue des Pyrénées vers Charonne. Quelques oeuvres de street-art. Médiathèque Marguerite Duras, rue Stendhal : un petit côté Bibliothèque de la Pléiade un peu inattendu dans ce quartier populaire. J’arrive à l’Eglise Saint-Germain-de-Charonne. Là furent exécuté et inhumés dans une fosse commune 800 Fédérés. Sur un mur, une plaque en témoigne. Je ne m’attendais pas à trouver dans le cimetière la tombe de Robert Brasillach et celle de son beau-frère, Maurice Bardèche. Les deux couvertes de coupes pleines d’immortelles. Pluralité des mémoires. Brasillach était un salaud. Fallait-il le fusiller ? Aujourd’hui, je suis bien sûr contre la peine de mort, mais, en ce temps là, j’étais d’accord avec le Général de Gaulle plutôt qu’avec Jean Paulhan. Et pourtant, et pourtant. adolescent, j’ai lu « Comme le temps passe », trouvé dans la bibliothèque familiale. Je ne connaissais pas l’auteur. La nuit de Séville est un des plus beaux textes érotiques que je connaisse. « Ce plaisir qu’il éprouve à caresser d’aussi fermes contours, ce jeune sein durci, et cette peau transparente et aussi dure qu’une mince pellicule de nacre, il se mêle si étroitement au plaisir plus subtil de faire plaisir qu’il ne sait pas les distinguer l’un de l’autre. Il a toujours aimé à donner le plaisir, et parfois un peu plus qu’à le subir. » Je ne savais pas qu’Emmanuelle Riva repose elle aussi là-bas. Je n’ai rien vu à Saint-Germain-de-Charonne.


En dessous de l’église descend la rue Saint-Blaise. Elle a le charme tranquille des rues de Paris village. Galeries d’art. Taverne rêveuse. Le procureur Fouquer-Tinville y avait, dit-on, sa résidence de campagne.



Par la Rue Vitruve, j’arrive à la Place de la Réunion. Il y a plus d’un quart de siècle, j’étais venu ici rendre visite à une amie.


Puis la rue des Orteaux, rue de Bagnolet. A la librairie « Le merle moqueur », installée dans un ancien atelier, je trouve une belle édition de « L’invention de Paris » d’Eric Hazan. Puis, les boulevards, Philippe-Auguste, Ménilmontant, où se trouve, entre deux entreprises de services funéraires, Le Purgatoire, fermé pour cause de pandémie. Le cimetière, le Mur des Fédérés, se trouvent juste en face. Il faudra y revenir.*

Feuilletez l’album photographique complet de cette promenade ici.
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