Bribes de déconfinement (suite)

20 mai 2020

Essai de typologie des gens qui marchent dans les rues de Paris sans masque : les pauvres, les sans-le-sou, les SDF, les arrogants, les petits connards, les gros connards, les baraqués, les maigrelets, les distraits, les inconscients, les écervelés, les je-m’en-foutistes, les groupes d’ados qui sentent la bière, les monsieurs en short, les bandes de copines, les fans de Jean Quatremer, les ewarés, les ceux à qui on ne la fait pas, les têtes à claque, les beaux gosses, les pauvres, les sans-le-sou, les SDF et les laissés pour compte. Une mention spéciale pour ceux qui, de manière très élégante, portent le masque en ras de cou : cela met en évidence la beauté de leurs narines et de leurs lèvres, qui sans ce colifichet serait passée inaperçue.

19 mai 2020

Discussion avec Dany Habran et ses amis à propos de Bob Morane. Je contribue : « Bob Morane se lisait aussi à Angleur, la commune voisine de Chenée. Dans la cour de récréation de l’Ecole du Rivage à Kinkempois, j’étais Bob Morane et Jean-Pierre Hautier était Bill Balantine. Une pensée pour lui. J’avais la collection complète, mais aussi le disque de « L’Ombre jaune ». Cela commençait dans une atmosphère de smog. Le commandant sauvait une jeune femme d’une agression. Celle-ci avait une voix très sensuelle. Dans les romans, pour autant que je m’en souvienne, les femmes étaient peu présentes. Mais celle-là, par contre était très présente, ne serait-ce qu’un instant. Une Russe ? Plus d’un demi-siècle plus tard, le fantasme persiste. (…) J’ai un jour rencontré à Bruxelles la dame qui fut la compagne d’Henri Vernes dans ses vieux jours. Je l’entends encore « Oui, mais moi je ne suis pas du bas de la ville ». (…) Je pense que le meilleur pour moi était La vallée infernale, c’est à dire le premier. Il y en avait un où Bob Morane était donné pour mort à la fin, tombé du haut d’un pont.(…) Ma mère, qui suivait des cours de formation de bibliothécaire, est revenue un jour en me disant : « Tu sais, on nous a expliqué que les récits Bob Morane donnent une fausse image des rapports entre les hommes et les femmes », ou quelque chose comme ça. On n’utilisait pas encore le terme machiste. Cela m’a fait réfléchir : je suis passé à Alexandre Dumas. »

Pour fêter le plaisir de retrouver les amoureux, une photo conventionnelle.

Dans une allée du Bois de Vincennes, un Monsieur, très docte, à celle qui doit être son épouse : « Le Bois de Vincennes et le Bois de Boulogne sont les poumons de Paris ».

Lieux de culte: le Conseil d’État ordonne la levée de l’interdiction de réunion. La cinéphilie devrait revendiquer un statut de religion !

Le POTUS déclare qu’il pratique l’automédication et absorbe de l’hydoxychloroquine. Je me demande si il lit aussi Michel Onfray.

18 mai 2020

Si il faut se priver de l’art d’être grand-père, autant crever de suite.

Revu pour la troisième ou quatrième fois Mauvais Sang de Leos Carax. Pas le plus grand rôle de Michel Piccoli, mais un souvenir émerveillé de la découverte de ce film, The Night is Young, au cinéma Corner House de Manchester, en 1986 ou 1987. Il garde sa jeunesse.

Pour ironiser sur la fin du confinement, j’avais posté lundi dernier cette photo extraite de Je rentre à la maison de Manoel de Oliveira. Personne ne semble l’avoir reconnu dans un rôle de vieil acteur grimé en Buck Mulligan, acteur fatigué et incapable d’assumer son personnage dans une adaptation de l’Ulysses de James Joyce. Et voilà que quelques jours plus tard, Michel Piccoli décide de rentrer définitivement à la maison. Je me souviens l’avoir vu en chair et en os en 1995, alors qu’il présidait à Strasbourg une réunion de l’Année du centenaire du cinéma. Ce jour-là, nous étions deux agents du Conseil de l’Europe à porter un Borsalino. Je me souviens de sa réflexion, moqueuse, derrière notre dos, dans le couloir, vers la sortie : « Ils me font rire, ces jeunes fonctionnaires, avec leurs chapeaux feutre ». Il va nous manquer.

Le dernier film de Michel Piccoli est un film belge, Le goût des myrtilles réalisé en 2013 par Thomas de Thier. Un petit film passé inaperçu mais plein de douce et fantaisiste mélancolie.

Les bibliographes sont parfois des gens curieux.

Je me remets enfin au travail. Lecture du passionnant Seeing by Electricity de Doron Galili, research fellow in the Department of Media Studies at Stocholm University. Comment ne pas aimer le livre d’un auteur qui dans ses Aknowledgments écrit « I would like to note especially the Histoire de la télévision site by André Lange, a truly indispensable resource for media history research ». Un des rares livres qui cherche à penser la simultanéité de l’invention du cinéma et les premières recherches sur la vision à distance par l’électricité. Recension détaillée suivra sur https://histv.net

17 mai 2020

Sophie Wilmès, Première Ministre belge répond au personnel soignant de l’hôpital Saint-Pierre qui lui ont fait une haie de déshonneur en lui tournant le dos au moment de son arrivée : « Il faut restructuraliser… ». On avait donc déstructuralisé ? Quelle belle langue !

A la fenêtre, au soleil, en écoutant Nuevo par le Kronos Quartet.

Viktor Orban vient d’annoncer qu’il abandonnerait les pouvoirs spéciaux fin mai. Je suppose que c’est parce que ses éleveurs de cochons ont besoin des aides européennes

16 mai 2020

Il y a longtemps que la futurologie n’a plus d’avenir.

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