« A peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid

Je viens de recevoir le coffret fuschia des films sélectionnés pour la 7ème édition des Magritte du cinéma. Le hasard de l’ordre alphabétique me fait commencer, à point nommé, par A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid, premier long métrage de cette jeune réalisatrice tunisienne, fille du grand Nouri Bouzid.

Le concept n’est pas vraiment nouveau : la description d’une société oppressante à travers les yeux de jeunes musiciens. C’était déjà celui des Chats persans de Bahman Ghobadi (2009), ou, vu récemment, dans les films candidats à l’European Film Award, le film israélien de Junction 48 de Udi aloni sur les difficultés d’une histoire d’amour entre deux hip hopers palestiniens. Films d’apprentissage, comme il y avait jadis des romans d’apprentissage.

Le film de Leyla Bouzid se passe dans une ville de province tunisienne, en 2010, peu de temps avant la chute de Ben Ali. Dans une ambiance glauque de fin de dictature, la jeune Farah (touchante Baya Medhaffar) chante les poèmes que lui écrit son petit ami, Bohrène (Montassar Ayari). Elle entre en conflit avec sa mère Hayet (belle et digne Ghalia Ben Ali) qui la met en garde contre les risques de braver les interdits. Baya Medhaffar n’est pas une chanteuse de première catégorie, mais l’usage de l’oud en rythme rock et les textes qu’interprète Farah, qui disent en termes poétiques, le mal être dans un monde fermé, sont poignants. Quelques plans tournés, de manière assez sensuelle, au ras de la peau sont inhabituels dans le cinéma arabe. Le film, primé à Venise et à Dubai, a-t-il affronté la censure morale, pas morte, dans son pays d’origine et dans les autres pays arabes ? L’évolution des relations entre la fille et la mère, plus que la dénonciation de la dictature, font l’intérêt de ce film, qui sans être un chef d’oeuvre, se révèle à la fois intéressant et attachant.

Paris 23 novembre 2016.

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