
Je voulais faire un petit billet sur le concert de Martha Argerich qui donnait ce soir à la Philarmonie le 2ème concerto de Beethoven, accompagnée par l’Alma Chamber Orchestra, dirigé par Lionel Bringuier. Mais, le temps que je termine mon petit billet d’hommage à François Mitterand, Mina avait bouclé le sien, plus beau que celui que j’aurais pu écrire. Avec son autorisation, je le reproduis ici.
« C’est un bonheur d’écouter Martha Argerich jouer.
Et c’est un bonheur de la voir jouer.
Elle attend. Dans ce temps, épaules, cou, menton dirigent aussi cet orchestre dirigé par un autre. Tout le corps ondule, la tête chantonne les morceaux. Et soudain son coude se lève, baguette vivante, ponctuant la fin d’une phrase. Puis, elle commence à jouer. Pendant qu’elle joue, sa petite bouche rouge mime les sons, murmure des sortes d’incantations que l’on voudrait presque enfantines, ou magiques, ou un chantonner simple des notes, une comptine, un égrenage. Pendant que les yeux brillent, pâlissent, se figent, bougent et se ferment comme si dans un rêve. Tout Martha sourit d’un sourire velouté et somnambule. Tout l’orchestre, les mains de Martha elle-même, ont crée une sorte de vague onirique douce et chaude, et Martha, les yeux demi-fermés, se laisse couvrir par cette vague, et en sort vivante, jeune et opiniâtre comme nous, enfants, quand nous jouions dans la mer. »
