
Transept de la Cathédrale Notre-Dame de Senlis.
Photo André Lange-Médart
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Sous le transept, le sacristain de la la cathédrale Notre-Dame de Senlis peut dormir tranquillement sur sa chaise. Il ne risque pas d’être dérangé. La nef est vide, pas un seul touriste. Personne pour suivre l’histoire de Saint-Louis sur les vitraux narrant l’histoire de Saint-Louis ni pour essayer de regarder le portail de la Vierge, malencontreusement protégé par des grillages. Personne pour s’intéresser encore à un des ouvrages pionniers de l’art gothique en France, antérieur aux cathédrales Notre-Dame de Paris, de Chartres ou de Reims. Ah si, à l’Office du tourisme, il y a deux anglaises qui s’enquièrent du nom de l’immense hêtre pourpre qui rayonne dans le parc du Palais royal (celui d’Hugues Capet, l’ancêtre des ancêtres).

Photo André Lange-Médart.
Senlis, en ce début de mois d’août, est presqu’une ville morte, que n’égaye que quelques enfants en colonie de vacances. Tiens, pourquoi les enfants sont-ils en colonie comme ces colons israéliens ? La ville est tellement endormie sur son passé que l’on peut encore voir sur une porte un fragment d’appel à la mobilisation. La trace d’un film tourné ici, je suppose. La vielle ville est tellement préservée qu’elle convient très bien comme décor ou pour la couverture en Livre de Poche de Vielle France, un roman de Roger Martin du Gard que, je suppose, on ne lit plus beaucoup. L’Eglise Saint-Pierre est fermée, en restauration. La chapelle Saint-Frambourg, qu’avait fondée en 993 Adelaïde, l’épouse d’Hugues Capet, et que le pianiste hongrois Gyorgy Cziffra racheta en 1973 pour la sauver des ruines et la transformer en lieu de concert est également fermée. Le prêt à usage gratuit de la chapelle dont bénéficiait la Fondation Cziffra est arrivé à échéance le 31 décembre dernier et la fondation cherche un nouveau point de chute.

Photo André Lange-Médart
Senlis semble s’enfermer dans un silence. Celui du temps de l’Histoire de France que l’on oublie.
Paris, 4 août 2015.
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