
Photo André Lange-Médart.
Michael Haneke était ce soir à Paris, à la Librairie Les guetteurs de vents pour participer à un débat avec la psychanalyste Sarah Chiche, qui vient de lui consacrer un livre L’Ethique du Mikado (PUF, 2015). Le débat tombait à pic pour donner à Haneke la possibilité de répondre à Stéphane Delorme, rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, qui, dans le numéro de ce mois vient de réitérer sa thèse que le cinéma du maitre autrichien est un cinéma de salaud, dont le seul talent est de manipuler son public, sans aucune humanité pour ses personnages et avec le seul objectif d’obtenir des Palmes d’Or. Plus grave, Haneke est accusé ce mois-ci de faire école dans ce genre. Lorsque Sarah Chiche évoque cette accusation, Haneke se marre. « Mais j’aime mes personnages, je souffre avec eux…« . Sarah Chiche retourne la question au critique de cinéma : « C’est facile de porter des accusations pareilles. Si le cinéma de Haneke créé du malaise, la question qu’un critique doit se poser est pourquoi est-ce que j’éprouve du malaise face à telle situation évoquée dans un film. Ce serait intéressant que Delorme nous explique cela« .

Sarah Chiche, Damien Aubel et Michael Haneke à la librairie Les guetteurs du vent (Paris, 3 juillet 2015).
Photo André Lange-Médart.
Lecteurs et lectrices m’excuseront si je n’en dit pas plus. Sarah Chiche parle bien, connaît son sujet et son livre est probablement à lire. Mais, par temps de canicule parisienne, la température et les conditions d’écoute dans cette belle librairie étaient insoutenables ; j’ai pris quelques photos et je suis parti avant la fin. Il faut une dose de masochisme pour regarder et apprécier les films de Haneke. Ce ne sont pas des films de salaud, mais n’en faisons pas des films de sauna.
Paris, 3 juillet 2015.