Le brûlant désir d’ « Une femme chaste »

 Zeng Jingping, dans "Une femme chaste" de Wang Renjie. Photo André Lange-Médart

Zeng Jingping, dans « Une femme chaste » de Wang Renjie.
Photo André Lange-Médart

Ce mercredi soir à La Cartoucherie de Vincennes pour une pièce de théâtre chinois : « Une femme chaste » du dramaturge Wang Renjie, interprété par la troupe du Liyuan. Le théâtre Liyuan de Quanzhou reprend une tradition scénique qui remonte au quatorzième siècle, en dialecte hokkien, parler du peuple Hoklo dans la région du Fujian, dans le Sud de la Chine. Rassurez-vous, les sous-titres sont fournis, et il y a relativement peu de texte. L’histoire est assez simple : il s’agit de l’amour impossible d’une veuve pour le jeune lettré qui est précepteur de son fils. Prise dans les conventions de la morale confucéenne, elle se mutile pour ne pas céder à son désir et devient, par décret impérial, une icône de la femme chaste.

Le spectacle est absolument charmant, mais aussi, malgré la distance, émouvant. La gestuelle a plus de grâce et de distinction que les traditionnels spectacles de l’Opéra de Pekin et le sprechgesang en hokkien a des moments absolument poignants. Les personnages secondaires, comme chez Goldoni ou Marivaux, mettent un peu de bonne humeur dans une intrigue tragique. Et l’actrice Zeng Jingping est magnifique sous ses fards. Bien qu’il s’inscrive dans l’univers mythique de la Chine impériale, le texte a des résonances contemporaines et touche, très simplement, mais avec beauté, à des thèmes universels : le chaos universel, le temps qui passe, l’illusion théâtrale. Le tout, malgré  l’inconfort des bancs et la chaleur accablante, est un délice.

La soirée est un peu gâchée, après le spectacle, par une violente altercation : Patrick Sommier, Directeur de MC93, la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, qui est à l’initiative de cette belle soirée, avec une voix de stentor, interpelle quelqu’un, dans le grand espace ouvert de La Cartoucherie. « Trotskiste », « Personnage de merde », « Rentier », « Auteur raté », « Destructeur ». Les deux hommes en viennent aux mains et leurs amis doivent les séparer. Ah ! Nous ne sommes plus en province. Ici, Le Traité du style  a encore des adeptes.

Paris, 3 juillet 2015.

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