
Photo André Lange-Médart
Occupé ce soir à rendre un peu d’ordre à mes photographies.
Je me suis remis à la photo en janvier 2009, après une période (2004-2008) plutôt consacrée à la réalisation de mes « petits films obscurs ». Paradoxalement, c’est l’achat d’un caméscope HD (avec lequel je n’ai guère réalisé qu’un seul film, Fragments d’intranquillité, capté à Lisbonne le soir du 25 décembre 2008, qui m’a ramené sur le chemin de la photographie.
Cette dormeuse du métro Liège, la dormeuse de Liège comme je l’appelle, peut-être parce qu’elle me ramenait dans ses songes à ma ville natale en même temps qu’elle incarnait le déracinement épuisé, a été la première d’une série photographique, toujours en progrès, « La demeure des dormeurs ». J’aime ces dormeurs, dormeuses, rêveurs, rêveuses de l’espace public. Leur sommeil, leurs songes, sont à la fois leur faiblesse et leur force.
Je me dis parfois qu’il y a une certaine offense à les photographier ainsi, alors qu’ils sont sans défense. Mais non, je les photographie pour les protéger, pour témoigner de leur fatigue, de leur misère, de leurs cauchemars aussi. Et puis j’aime à penser que cette série est comme un hommage au plus magnifique des dormeurs éveillés, l’inoubliable Robert Desnos.
Paris, 19 juin 2015