
Karimouche (Ménilmontant, 13 juin 2015)
Photo : André Lange-Médart
La chanteuse Karimouche clôturait ce soir le festival du 11ème arrondissement, Onze bouge sur le stade du boulevard Ménilmontant.
Karimouche a été costumière de théâtre. Avec sa belle voix chaude, sa gouaille, et ce que l’on appelait jadis un tempérament, elle pourrait chanter le blues, jouer la comédie ou s’adonner aux harangues de tribun. Elle a choisi de s’inscrire dans la tradition de la chanson réaliste, malheureusement ensevelie ces temps-ci sous la guimauve acoustique. Référence Fréhel, avec des petites moqueries à la Arletty et sa gueule d’atmosphère. Mais Karimouche modernise et renouvelle le genre, avec des apports hiphop, des moments de stand up comedy, des parodies de la gestuelle rock star ou encore de la danse orientale et des éléments de tradition berbère. Grand brassage, mais cohérent et efficace. « Charentaise berbère », elle a le babil méridional et un peu de la canaille parisienne. Les textes (parfois un peu écrasés par la sono) évoquent la vie quotidienne, Facebook, les amis qui s’incrustent, un tango du célibataire, le boulot, les mecs indélicats, les effets spéciaux, les grands-mères immigrées, la vie quoi. Et bien sûr un Qui est-ce qui m’aime ?, plaintif et douloureux. Avec tout ça, une bête de scène, séductrice, drôle, d’une énergie folle et à certains moments des furies de Gorgone.
Karimouche a la pêche et peut être rassurée : le public l’aime et moi aussi.
Paris, 13 juin 2015.