Cette fois, j’ai raté l’événement. La vie locale va à un tel rythme. Ce dimanche matin, Mina ouvre les fenêtres. Il y a des clameurs sur l’avenue, des roulements de tambours, des sirènes. Juste le temps d’empoigner mon Canon et me voilà descendu. Trop tard ! La dernière coureuse des 10 km de Paris vient de passer, suivie des voitures balais. Un orphéon pose ses cuivres sur le trottoir. Je prends le métro jusqu’à République, me disant que la RATP me permettra de rattraper la course. Peine perdue, les couloirs de la station sont déjà pleins de jeunes hommes et de jeunes femmes essoufflés. La Place de la République est couverte de vidanges en plastique. Moins de monde que pour Charlie, quand même. Ici, chacun à sa médaille. Celles non distribuées pendent sur un étal. Leur cordon rouge me rappelle celui des petites offrandes taoistes qui attendent leur destin dans le Temple de l’Est, à Pékin. Dans l’équipe « La première fois », il y a des jolies filles. Plus loin, l »équipe de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité se fait un selfie rigolo. J’achète un billet de tombola qui me donne l’adresse du bal des pompiers ; le 14 juillet approche. Perdu. Je remonte l’Avenue, en cours de nettoyage. Un peu d’exercice, le dimanche matin, cela fait du bien. Boulevard Richard-Lenoir, un marabout enveloppé dans une feuille d’or, félicite ses potes. Rue Oberkampf, devant la vitrine d’un alfarrabiste, je rate une photo que j’aurais aimé dédicacer à mon ami Charles François, dont je parlerai bientôt. Une coureuse soulage ses crampes dans une position scabreuse ; derrière elle un bouquin tape l’oeil, La psychanalyse sans divan. Reportage fichu. La prochaine fois, je lirai L’Equipe.