
Il y a des années que je n’étais plus entré dans la belle église Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg. Envie de revoir les fresques médiévales, en particulier la Navicella, que l’on dit inspirée de Giotto. Les apôtres dans leur barque, naviguant sur le lac Tibériade, voient le Christ marchant sur les eaux. Dans le ciel deux petits diables soufflent dans des trompettes. J’aime toujours les petits diables, surtout lorsqu’ils ont, comme ceux-ci, un petit côté angélique.
Dès l’entrée, je suis frappé par un son strident, long, aigu, une sorte d’acouphène magistral. Ce son, bien que pénible, a quelque chose de mélodieux dans ses modulations, au point que je me demande si l’organiste n’est pas en train de répéter une oeuvre de Giacinto Scelsi. Renseignement pris, il s’agit simplement d’un accordage des tuyaux de l’orgue Silbermann, datant de 1781, dont la dernière restauration date de l’an dernier. La gardienne de cette église désormais protestante, souffre le sifflement avec une fierté qui force l’admiration. Je préfère les trompettes des diables et ne m’attarde pas.
Strasbourg, 27 mai 2015.
