
Le premier volume des Mille et une nuits de Miguel Gomes s’intitule « L’inquiet ». Le deuxième « Le désolé ». Il est beaucoup plus sombre et s’articule en trois « contes », eux-mêmes fragmentés en sous-récits. Le premier narre l’histoire de Simão sans Tripes, un évadé, assassin de trois femmes, qui pendant plusieurs semaines échappa aux poursuites de la GNR, devenant un paradoxal et sympathique héros régional. Le deuxième conte, « Les larmes de la juge », se déroule dans l’amphithéâtre carnavalesque d’un tribunal où une juge, confrontée aux misères et aux noirceurs de la société portugaise. L’entrelacs brillant des micro-récits est égayé par la présence bruyante et colorée des caretos, ces masques traditionnels du Tras os Montes. Le troisième conte nous fait découvrir la vie dans une tour HLM à travers les pérégrinations et les changements de propriétaires d’un bichon havanais. Cela a un petit côté Striptease, mais cela se termine mal. « Dans ce deuxième des trois films, le chien est le seul qui joue son propre rôle, explique Gomes ; c’est aussi le seul qui s’en tirera ».
Ce deuxième volume est certes moins allègre que le premier, mais malgré certains plans qui prennent leur temps, dans une tradition très portugaise, on ne s’ennuie pas. Le film fait plus de deux heures et j’ai donc raté le film de Joe. Sur scène, Gomes lui faisait un clin d’oeil en arborrant un T-shirt d’Uncle Boonmee. La solidarité des amoureux du cinéma est affaire de T-shirts. Pour la projection de l’après-midi, le conteur portugais reviendra avec la bannière du club de Benfica triomphant.