Dans les rues de Seraing, de Jemeppe, de Flémalle, de Mons-lez-Liège, c’est le même déploiement de drapeaux belges aux fenêtres des maisons ouvrières. On se croirait à la Libération. On voit quelques drapeaux italiens, l’un ou l’autre brésiliens, ici et là un français, un suisse ou même un allemand. Chacun est libre ici d’exprimer ses origines, ici on ne lui en tient pas rigueur, comme ailleurs. Le football est bien ici une grande fête populaire et c’est bien le droit de chacun d’afficher ses espoirs, aussi aliénés soient-ils. Evidemment, que la bannière nationale ressurgisse ainsi dans un pays divisé a quelque chose d’apaisant, même si, évidemment, dans quinze jours, peut-être plus rapidement, tout cela sera terminé. Rien de politiquement très profond, là-dedans. Je n’ai jamais vraiment aimé les drapeaux (sauf peut être dans une chanson italienne et dans le souvenir d’un arrière grand père de 1er Mai). Je me souviens d’avoir lu, à dix-sept ans, Matière à réflexion du philosophie hippie Allan Watts qui faisait remarquer que les conservateurs américains s’offusquaient plus des offenses au drapeau que de la destruction du territoire par les ravages de l’industrie ou des valeurs de la République par la ravageuse guerre du Vietnam. Et pourtant, ce déploiement de bannières nationales, dans ces banlieues rouges, me choque : il n’est, à bien des fenêtres, qu’une grande opération publicitaire pour une marque de bière qui a la qualité industrielle de la pisse de chat.
Mons-lez-Liège, 26 juin 2014.