
Ce vendredi, à Liège, avec Jacques Lizène, « petit maître liégeois de la seconde moitié du XXème siècle », « artiste de la médiocrité comme art d’attitude » et Charles François, anciennement mail-artiste, fils de Marie-Therese Wailmacq. Lizène, la première fois que je l’ai rencontré, c’était sur la Passerelle. Il y a plus de trente ans. Il portait une chemise et un pantalon blancs. Il s’était approché de moi, et avec solennité m’avait demandé : « Monsieur, avez-vous déjà regardé la couleur de votre propre merde« . Charles, trônant dans sa permanence sociale, la terrasse du café « Le bouquin », n’arrêtait pas de se moquer d’Aragon, Godard et Jacques Charlier tout en qualifiant André Breton d’un adjectif militaire. Lizène se montrait beaucoup plus tolérant, arguant que l’on pouvait aimer à la fois Mozart et Beethoven, dont les oeuvres de jeunesse rappelaient d’ailleurs celles dudit Mozart. J’approuvais en le regardant : « Oui, tout artiste a droit au respect, aussi médiocre soit-il« . Et Lizène, sans prendre la mouche, d’enchaîner « Mais je ne suis pas aussi médiocre que je le disais !« . Moment de l’histoire de l’art, hilarité générale !
Liège, 1er juin 2014.