Camden, la Little Venice de Londres, petite cour des miracles de l’Angleterre post-industrielle. En s’excusant du dérangement occasionné, il m’a légèrement bousculé, sous le pont, en aval de l’écluse, là où se terminent les petits groupes de laissés-pour-compte qui bavardent sur le quai, se partagent une canette de bière et laissent pendouiller leurs jambes vers les eaux du canal. J’étais en train de prendre une photo d’un vieil entrepôt, comme j’aimais le faire à Manchester. Il a continué sa marche, son tambour saharien sur le dos, en bandoulière. Je l’ai suivi des yeux, pris une première photo de lui. Brusquement, il s’est arrêté devant une haute touffe d’orties, qu’il a inspectée avec soin. Il a sélectionné une tige avec précision, l’a coupée par le bas, l’a pliée en deux. Puis, il a repris sa marche en fouettant son crâne chauve de cette plante inamicale. Il a continué ainsi, avec des gestes d’abord lents, puis très rythmés. Avant qu’il ne disparaisse dans un virage, j’ai pris trois photos de lui.
Londres, 13 avril 2014