
L’exposition Pasolini Roma à la Cinémathèque est un bel hommage, toujours nécessaire, au poète-réalisateur-polémiste. Bien que codée dans un certain nombre de films et de textes emblématiques (La lettre aux étudiants communistes après les affrontements de Via Giulia ; le texte sur la disparition des lucioles ; contre la télévision ; « je sais », …) la découverte de l’oeuvre de Pasolini est inépuisable, toujours à reprendre, à compléter, à interroger. La scénographie de l’exposition met bien en évidence les différentes facettes de la personnalité de PPP, ses déplacements dans l’espace, ses thématiques littéraires et politiques. Tapuscrits nombreux ; Découverte d’un poème sur Marylin Monroe (lu par Giorgio Bassani, un des amis le plus fidèle de PPP) ; photographies avec la Callas pendant le tournage de Médée et des portraits d’elle par lui ; photographies dans sa tour de Chiaia, quelques jours avant sa mort… Impressionnante liste des audiences des procès qui lui ont été faits, avec un acharnement déjà meurtrier. Plaisir de réentendre sa voix, toujours douce et apaisante, même dans la lecture des textes critiques ou blessés.
Quelques regrets cependant : les « Notes pour une Orestie africaine » ne sont pas mentionnées, alors que la carte de ses voyages en Afrique est pourtant bien là. Et sa critique de la télévision présentée de manière réductrice. PPP, comme Adorno, croyait malgré tout à la possibilité d’une télévision autre, une télévision de l’intelligence et du dialogue. Il pratiqua lui-même le medium, comme en témoigne notamment la rencontre en 1967 avec Ezra Pound, dont des extraits abîmés circulent sur Internet et dont on attend que la RAI fournisse une version complète, propre et définitive.
http://www.rai.tv/dl/RaiTV/programmi/media/ContentItem-4d7acb3a-6354-4c8b-b585-f51aa0c81f52-tg1.html
Les sites de la RAI datent la rencontre de 1968, alors qu’il semble qu’elle ait eu lieu le 26 octobre 1967. L’interview a été projetée à la Cinémathèque et la note de référence la date du 26 octobre 1967, ce qui confirme le pressapochismo de la RAI. La note nous apprend que le réalisateur est Vanni Ronsisvalle et que le film dure 50 minutes alors que les extraits présentés ne dépassent pas dix minutes.
On trouvera une belle analyse de la rencontre (qui a eu lieu à Venise) par Giorgio Passerone dans ses Passages pasoliniens largement accessibles ici.