L’ordre dans lequel je lis des romans est très aléatoire ; il y a donc une sorte de hasard objectif, lié aux choses mêmes, à ce que je termine à deux jours d’intervalle Le désir d’une chose de Pasolini et Les choses de Perec.
Pasolini : « Tout à coup, il pointa un doigt vers Nini, mais son bras retomba aussitôt, tandis qu’il recommençait à prononcer en gémissant des mots incohérents. « Une chose, semblait-il dire, une chose. » Et il faisait allusion, comme en clignant de l’oeil à un fait que Nini et Milio connaissaient bien. Mais il ne parlait pas, il n’arrivait pas à dire ce que c’était. Il l’avait dans les yeux. Il ne serait pas arrivé à le dire quand il était fort et plein de vie ; imaginez s’il pouvait le dire maintenant qu’il était en train de mourir. »
Perec : « Ils s’asseyaient et ils mettaient en marche leurs magnétophones, ils disaient hm hm avec le ton qu’il fallait, ils truquaient leurs interviews, ils bâclaient leurs analyses, ils rêvaient, confusément, d’autre chose« .
Comparée à celles des jeunes frioulans de l’après-guerre, l’aliénation des jeunes psycho-sociologues parisiens du début des années 60 a quelque chose de dérisoire ; peut-être est-ce dû à qu’elle nous est moins exotique.
Lisbonne, 13 août 2013.