Contrôle des bagages

En partance pour Tunis. Contrôle des bagages à l’aéroport d’Entzheim. Les agents de sécurité s’intéressent à deux objets inquiétants dans ma serviette. Le premier se met à examiner page par page le Valery Larbaud enpléiadé, s’attarde sur une vieille carte postale où l’on voit la source familiale, laisse pendouiller le signet jaune qui me rappelait oú en était Barnabousse. Je n’avait plus vu de contrôleur bibliophile depuis ce jour mémorable oú, avec Mina, nous embarquâmes à l‘aéroport de San Francisco pour rejoindre Pékin. L’autre s’intéresse au sachet de fils chenille que m’a offert il y a quelques jours un antique tabagiste d’Amsterdam, lorsque j’achetai une pipe Stanwell Royal Prince 227 et un blend maison á forte proportion de Latakia. « Qu’est-ce que c’est ? ». « C’est des cure-pipes, Messieurs. Quand j’étais gamin, on nous apprenait à les tresser pour en faire de petits personnages ». Cette enfantine semble les rassurer ; débonnaires, ils me laissent tranquillement ranger ma tablette. Au fond, je suis reconnaissant à ces deux pandores de m’avoir permis de me sentir, l’espace d’un instant, comme un ultime contemporain de Larbaud, égaré dans un monde de terroristes, de non-fumeurs et de détecteurs de métaux.

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