LES CARNETS DE L’ANGE AVEUGLE – Le Paris de Balzac n’exist pa
28 février 2010
Les biscottes de Bruxelles, sans préfaçons
Commentant la récente décision du Ministre des Affaires étrangères de rebaptiser l’Institut culturel français en “Institut Victor Hugo”, un lecteur du Monde.fr, un rien narquois, proposait : “Pourquoi pas Institut Balzac ? Trop belge, peut-être ?”. Le mot est piquant. Lorsqu’en 1898 le scandale de la statue de Balzac par Rodin éclata à Paris, les intellectuels belges, emmenés par Edmond Picard, écrivirent au sculpteur que son oeuvre serait accueillie avec honneur par Bruxelles si Paris la refusait. “La Belgique aime Balzac !”.
Balzac avait pourtant bien des raisons de se plaindre de la Belgique, lieu d’édition de contrefaçons de ses oeuvres. Ou, plus précisément, de préfaçons, pour reprendre l’expression du bibliographe Van de Peere, qui proposa ce terme pour tenir compte de ce que, souvent, les éditions belges réunissaient en volume les textes parus en feuilleton dans la presse parisienne, avant même que ceux-ci ne soient proposés en volume par les éditeurs parisiens. Balzac s’indigna, dénonça, se fit élire Président de la Société des Gens de Lettres pour mieux mener bataille contre les pirates. J’entends l’argument du jeune hacker : si il y avait des éditeurs pirates, c’est que les éditions légales étaient trop chères. C’est bien connu, les éditeurs sont des voleurs, qui exploitent les créateurs. Et puis, en spoliant Balzac du bénéfice de la vente de ses livres, les pirates l’ont contraint à écrire encore et encore, lui permettant d’accomplir son oeuvre. Et enfin, n’est-ce pas, c’est grâce aux éditions pirates, commercialisées dans toute l’Europe, que Balzac a trouvé sa renommée internationale.
Je n’ai pas connaissance d’un éventuel voyage de Balzac à Bruxelles, mais, à l’occasion d’un bref passage dans la capitale belge, je me suis mis à la recherche de l’univers bruxellois dans La Comédie humaine, lequel ne manque pas de sapidité.
Première étape, la plus facile. Dans Un début de la vie, décrivant L’Isle-Adam, petite ville du Val d’Oise, Balzac évoque le “théâtre de Bruxelles” : “L’Isle-Adam est une charmante petite ville appuyée de deux gros villages, celui de Nogent et celui de Parmain, remarquables tous deux par de magnifiques carrières qui ont fourni les matériaux des plus beaux édifices du Paris moderne et de l’étranger, car la base et les ornements des colonnes du théâtre de Bruxelles sont en pierre de Nogent.” Il paraît évident que le “théâtre de Bruxelles” ne peut être que le Théâtre de la Monnaie, lieu central dans la ville mais également dans l’histoire de Belgique. Tout écolier belge apprend (du moins de mon temps, apprenait, je ne puis me porter garant de la situation actuelle de l’enseignement de l’histoire de Belgique…) que le 25 août 1830, de jeunes libéraux enthousiasmés par La Muette de Portici, opéra romantique d’Auber, sortirent du théâtre en reprenant l’air Amour sacré de la patrie et lancèrent ce faisant l’insurrection qui devait conduire à l’indépendance du pays. Une représentation d’opéra comme mythe fondateur d’une révolution, cela vaut bien une prise de la Bastille, non? Balzac connaissait La Muette, citée dans La Peau de Chagrin et dont l’Illustre Gaudissart s’en va en “chanteronnant” l’air Roi des mers, prends plus bas.
Je m’en vais donc photographier le Théâtre de la Monnaie, lieu pour moi mythique, dans lequel je n’ai jamais eu l’occasion d’entrer. Je tourne au tour du bâtiment, m’imprègne de sa nouvelle aura balzacienne récemment découverte.
Le premier bâtiment de La Monnaie a été construit en 1700 par l’architecte espagnol Bombarda. Le théâtre a été complètement reconstruit en 1818 par l’architecte français Louis Damesme, mais ce bâtiment, qu’aurait pu connaître Balzac, a été complètement détruit par le feu le 21 janvier 1855 alors que des ouvriers préparaient les décors du Prophète de Meyerbeer (ne pas confondre avec celui de Jacques Audiard, qui, comme par hasard, a raflé la plupart des Césars ce samedi soir). Les colonnes et le péristyle furent cependant épargnés par l’incendie et l’architecte Joseph Poolaert (celui dont le Palais de Justice, quelques années plus tard, transformera pour les Bruxellois le mot “architecte” en injure) recevra pour mandat de reconstruire l’ensemble en les conservant. Une modernisation de la salle en 1985, menée par l’architecte Charles Vandenhove fit l’objet de nombreuses controverses et je me souviens d’une personnalité éminente liée au dossier reconnaissant qu’elle avait “abimé la façade”.
Qu’importe ? Les piliers des colonnes en pierre de Nogent sont toujours là, recouvertes d’une épaisse couche de couleur, écaillée par-ci par-là et laissant entrevoir sous le fard le noble matériau évoqué par Balzac.
Les Bruxellois sont gens pragmatiques : une façade d’opéra, cela peut vraiment servir à tout.
Je continue mon jeu de piste. Il ne m’est guère difficile de découvrir la toilette en point de Bruxelles, offerte (dans Splendeurs et misères des courtisanes) par le baron Félix de Nucingen à sa maîtresse Esther Gosbeck et qui provoquera la fureur de son épouse Delphine, la fille du Père Goriot. Il suffit pour cela de se rendre à la boutique de la Manufacture belge de dentelles, Galerie de la Reine, toute proche.
Quelques années plus tôt, en 1828, Nucingen avait quitté Paris en toute hâte pour Bruxelles, feignant une faillite de sa banque et provoquant une panique financière. Toujours fourbes, ces banquiers. Voilà qui me permet d’évoquer la panique de 2008, qui vit s’écrouler la banque FORTIS, que je connu jadis sous le nom de Caisse générale d’épargne et de retraite. Mon grand-père m’envoyait à la poste avec un billet de cinquante ou cent francs, qui se traduisaient, dans un livret à couverture jaune pâle, par un petit timbre, rose ou mauve suivant la valeur. La CGER nous offrait également chaque année trente centimètres de règle d’écolier., des agendas, des panneaux décrivant le squelette humain ou le cerveau en coupe. Le siège de la FORTIS est situé lui aussi à deux pas, rue Fossé-aux-Loups. Cela tombe bien, j’ai un vieux compte à y régler. Comme Balzac, dans Les Paysans, s’amuse de la pratique bruxelloise qui consiste à inscrire sur les enseignes Epouse Une telle, je me permets de m’étonner que la banque n’ait pas encore jugé bon de rénover l’enseigne de son siège avec une belle inscription FORTIS Epouse B.N.P. Paribas.
L’employée, très aimable, que je questionne sur la situation de la banque, m’explique que cela va mieux. “Les clients étaient très agressifs, mais le problème, c’est que nous, les employés, nous étions également des clients…”. Tout est rentré dans l’ordre, le terne Premier Ministre qui avait dû démissionner pour la manière scandaleuse dont il avait géré la crise vient de retrouver son poste. Face au siège de la FORTIS Epouse B.N.P. Paribas, je retrouve la façade de La Monnaie sur un volet métallique. Grisaille quand tu nous tiens…
Quatrième piste balzacienne, la plus mystérieuse : les biscottes de Bruxelles. Dans Physiologie du mariage, Méditation XII, “Hygiène du mariage”, Balzac propose au mari un nouveau “mode de défense” lui permettant de dompter “sous une prostration invincible la volonté de votre femme”. “Il s’agit de la réaction produite sur le moral par les vicissitudes physiques et par les savantes dégradations d’une diète habilement dirigée”. La maîtrise conjugale par la régulation alimentaire. Naguère, ce sont les magazines féminins qui se sont emparés du thème. C’est dans ce contexte qu’apparaît chez Balzac la biscotte de Bruxelles, une délicatesse dont j’ignorais l’existence : “Est-il rien au monde de plus pur que ces intéressants légumes, toujours frais et inodores, ces fruits colorés, ce café, ce chocolat parfumé, ces oranges, pommes d’or d’Atalante, les dattes de l’Arabie, les biscottes de Bruxelles, nourriture saine et gracieuse qui arrive à des résultats satisfaisants en même temps qu’elle donne à une femme je ne sais quelle originalité mystérieuse?”. René Guise, qui édite La Physiologie n’a pas investigué sur cette biscotte, dont il est pourtant flagrant qu’elle réapparaît de manière calculée dans Petites misères de la vie conjugale, oeuvre qui poursuit La Physiologie comme la disgrâce succède à la grâce : “La femme de chambre est enveloppée dans la disgrâce; elle est reçue à coups de non et oui secs comme des biscottes de Bruxelles, et qu’elle avale en vous regardant de travers.”
Dans une boutique de la rue de la Colline, près de la Grand Place, je repère une vieille photographie de vitrine de pâtisserie. Toujours confiant la transmission des savoirs gastronomiques locaux, j’interroge le jeune vendeur. Il m’explique que la biscotte de Bruxelles est probablement le “pain à la grecque”. Celui-ci ne serait pas originaire du pays où mourut Byron mais tirerait son nom du mot flamand bruxellois Grecht, le fossé. Au XVIème siècle, au quartier du Fossé aux Loups (tiens, je suppose celui-là même où se trouve FORTIS Epouse B.N.P. Paribas), les Augustins distribuaient aux pauvres un pain cuit, surnommé le Wolfgrecht Brood. Durant l’occupation de Bruxelles par les troupes napoléoniennes, les Français, dont les connaissances linguistiques et géographiques sont légendaires, auraient traduit ce grecht brood par “pain à la grecque”.
Cette explication ne me convainc guère : Balzac était un homme rigoureux dans sa documentation. Il a certainement pu s’amuser, comme tout esprit informé de l’époque, de ce que le prince Léopold de Saxe-Coubourg, ayant eu l’opportunité de choisir entre la couronne de Grèce et le titre de Roi des Belges, ait préféré Bruxelles à Athènes. Mais de là à confondre “pain à la grecque” et “biscotte de Bruxelles”…
Je continue mes investigations dans le temple bruxellois de la biscuiterie, la Maison Dandoy, crée très exactement en 1829, l’année où Balzac rédige La physiologie du mariage et sise, cela ne s’invente pas, Rue au Beurre, entre Grand Place et Bourse.
La jeune vendeuse, évidemment, n’a jamais entendu parler des citations de la biscotte de Bruxelles par Balzac, et elle me suggère, elle aussi, qu’il peut s’agir des pains à la grecque, ou éventuellement des speculoos, qui font la réputation de la Maison. Heureusement, j’aperçois derrière elle, sur un plateau, des “biscottes sucrées au beurre”. “Bah ! Ce ne sont que des biscottes sucrées au beurre”, me fait-elle avec dédain. Puis elle se ravise : “Mais c’est très bon avec du foie gras…”.
Avant de préparer ma mission à Bruxelles, j’ai pris le soin de lire la recette de la biscotte de Bruxelles, identifiée sur Google Books dans Le cuisinier royal ou l’Art de faire la cuisine, la pâtisserie et tout ce qui concerne l’office pour toutes les fortunes, par M. Viard, Homme de bouche. La dixième édition, publiée en 1820 par Barba, libraire au palais-Royal, comporte d’heureux compléments apportés par M. Fouret, ex-officier de bouche du roi d’Espagne, dont cette recette de la “Biscotte de Bruxelles”.
Je n’y connais pas grand chose en pâtisserie, mais j’ai le sens philologique. Je ne vois pas dans la recette de M. Fouret mention de la cassonade et de la cannelle, composants essentiels du pain à la grecque et des speculoos et qui leur donnent leur sombre couleur marron. Par contre, les biscottes sucrées au beurre ont bien cette couleur bien jaune évoquée par l’homme de bouche fidèle serviteur du Roi d’Espagne, dont la probité intellectuelle ne peut être mise en doute. Jusqu’à preuve du contraire, je retiens donc que j’ai trouvé là les fameuses “biscottes de Bruxelles”, mais je lance ici un solennel appel aux experts. Il est évident que dotée d’un aura balzacienne, les dorées biscottes de Bruxellles pourraient contribuer à la relance des exportations alimentaires de la Belgique. Il s’agit bien là d’une cause d’intérêt national. En tout cas, je puis témoigner que ces biscottes sont très sucrées, très beurrées, sèches comme les oui et les non des maîtresses de maison. Mais la diététique des jeunes épouses modernes a évolué et je ne puis garantir que les effets évoqués par La Physiologie du mariage soient effectives. De toute manière, ce livre est à réécrire. Par contre, les speculoos sont délicieux et ma chère M. a vite fait de leur trouver une paradoxale complémentarité avec un fromage de chèvre coulant.
Ravi d’avoir trouvé de quoi nourrir un billet, je me mis alors en quête d’une préfaçon. Le quartier des bouquinistes n’est pas très loin : il suffit de remonter la rue de la Madeleine et de pénétrer dans la Galerie Bortier. Le marché du livre d’occasion est cependant en crise : à chaque venue à Bruxelles, je constate la disparition d’une librairie. Désintérêt pour le livre, ventes sur internet, étouffement du quartier par des touristes nourris de chocolats, de frites et de sandwicherie grecque…
La Librairie Minet et Frères, qui vend des incunables, a quitté le quartier pour les alentours de l’Avenue Louise et je constate que sa façade, dont la peinture d’une jeune femme aux fleurs me fait penser aux illustrations pré-Art Nouveau des couvertures dessinées pour les livres d’Octave Uzanne, a été vandalisée par un petit artiste de banlieue. Il m’arrive de défendre l’art urbain des artistes de banlieue, lorsque celui-ci est rigoureux, imaginatif, subversif. Mais le petit médiocre qui, croyant se libérer de son aliéanation sociale, s’est permis de laisser ses crottes de couleur sur la façade de la Maison Minet et Frères mériterait une fessée. Dans ce cas précis, je prends très clairement position, au nom de mon néo-néo-romantisme tardif, en faveur de la façade patrimoniale de l’antiquariat pour bibliophiles bourgeois et friqués.
Les libraires font grise mine et quand je les interroge sur les préfaçons balzaciennes, ils me renvoient chez leurs collègues, la moue pendante. Finalement, rue Saint-Jean, je pénètre dans la libraire d’Albert van Loock, un peu comme on entre dans un temple. De l’extérieur l’endroit intimide : ors, basanes et maroquins. Au mur, des gravures d’architecture classique. Ambiance cossue, délicate et studieuse. Mais non dépourvue d’humour, cependant : M. Van Loock utilise la pointe de l’aile gauche d’un immense griffon de bois gravé pour y déposer son chapeau de feutre gris. Le magasin est rempli de grandes belles boîtes, ornementées, dont les étiquettes indiquent qu’elles contiennent du matériel iconographique précieux. Cela me rappelle les boîtes que l’on trouve dans les magasins de vieux papiers et de coupures de presse, mais en plus élégant. Sur la gauche, la première boîte annonce des “Anges”. Pendant que M. van Loock descend à la réserve pour y chercher quelques préfaçons, je demande à Madame si cette boîte ne contiendrait pas quelque iconographie d’ange aveugle. La question l’étonne. Non sans pédanterie, je cite “l’ange aveugle de l’expiation” dans la préface de Baudelaire à sa traduction des romans d’Edgar Allan Poe. Avec beaucoup de sérieux et de gentillesse, elle ouvre la boîte qui contient mille anges divers : anges gothiques à la longue chevelure, comme en voie sur les portails des cathédrales, ennuyeux anges gardiens et petits angelots rondouillards. Mais pas d’ange aveugle.
Parmi les différents volumes qu’il me propose, M. van Loock me conseille une Honorine un peu rare, mais donc plus onéreuse. J’arrête rapidement mon choix sur trois petits volumes, à la Bradel, dos de toile rouge aux titres, filets et fleurons dorés : Scènes de la vie privée, publiés chez J.P. Meline, 51, rue de la Montagne, Bruxelles. Bien que je ne sois pas expert, à y regarder de plus près, je pense avoir eu la main heureuse. Ces trois jolis petits volumes, livres de poche avant la lettre, comportent une double imposture : à l’imposture du libraire faussaire s’ajoute l’imposture d’un relieur peu scrupuleux. Les deux premiers volumes sont en fait Les nouvelles scènes de la vie privée, préfaçon ou contrefaçon, je ne sais, de l’édition parue sous ce titre à Paris, chez Mame, le 26 mai 1832. Mais le troisième volume est en fait le cinquième tome des Scènes de la vie privée, faisant partie d’un ensemble publié par Méline en 1834. Sur la page de titre, “Tome cinquième” a été biffé à la main et remplacé par “Tome 3″. Voilà qui ajoute à l’imbroglio des éditions balzaciennes, et j’en suis ravi. D’autant que le volume 1 s’ouvre par la nouvelle Le Conseil, qui regroupe, outre les futures nouvelles Le message et La grande Bretêche, non encore disjointes, une introduction que Balzac ne reprendra pas dans l’édition finale de La Comédie humaine, et que l’on ne trouve rééditée que dans les variantes en fin du volume 2 de l’édition Pléiade. J’ai cassé ma tirelire par pur fétichisme, mais ces trois petits volumes d’imposture ont leur rareté spécifique.
Tout enivré de mes trouvailles du jour, je fais une brève pose à ma brasserie favorite, “A la Mort subite”, juste le temps de repérer la rue de la Montagne. pour aller y photographier ce qu’il reste de la librairie Méline, ce pirate qui avait pignon sur rue. En principe, plus facile à trouver que le serveur suédois de Pirate Bay. En fait, comme toujours dans le centre de Bruxelles, c’est juste à côté. Mais du côté impair de la rue de la Montagne, il ne reste rien, si ce n’est les murs récents en brique saumon pâle d’un hôtel en style renaissance néo-flamand, vaste dortoir pour touristes japonais et assistants parlementaires européens. Je me souviens que mon grand-père me faisait lire, dans Le Peuple Le Monde du Travail les articles de Jean d’Osta, chroniqueur du vieux Bruxelles, et qui, dans les années 60, s’indignait déjà de la destruction de la rue de la Montagne. Même l’hôtel du Grand Miroir, au numéro 28, où logea Charles Baudelaire, n’existe plus.
En ce qui concerne la librairie Méline, on a bien l’impression que la Belgique a voulu masquer le lieu d’un crime. Si j’en juge par la numérotation actuelle, le numéro 51 devait se situer au carrefour avec le Boulevard de l’Impératrice, en dessous de la masse blanche de la cathédrale Sainte-Gudule. L’endroit est en travaux et ma photo nocturne rend à peine compte de l’immense bric à brac qui y règne. Dans le coin inférieur droit, derrière des panneaux jaunes et bleus, un sémaphore suspendu à l’horizontale, invisible des piétons et des automobilistes, continue de manière absurde le clignotement cadencé de son feu orange. Une horloge Pontiac s’est arrêtée à six heures pétantes, comme une fin de chapitre, et toute la désolation de cet endroit, dans la nuit tombante de février, paraît comme un hommage fantastique et honteux de la voirie de la Ville de Bruxelles à l’auteur des Contes drôlatiques.
“La Belgique aime Balzac !” Ah ! La vache !
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