LES CARNETS DE L’ANGE AVEUGLE – Le Paris de Balzac n’existe pas
12 janvier 2010
Rue Hillerin-Bertin : Balzac et la petite masseuse chinoise
Je continue à suivre à la trace le baron de Macumer, qui m’a déjà mené à la librairie de la rue Vivienne: (Mémoires de deux jeunes mariées)
“Je suis logé rue Hillerin-Bertin chez une pauvre veuve qui prend des pensionnaires. Ma chambre est au midi et donne sur un petit jardin. Je n’entends aucun bruit, je vois de la verdure et ne dépense en tout qu’une piastre par jour ; je suis tout étonné des plaisirs calmes et purs que je goûte dans cette vie de Denys à Corinthe. Depuis le lever du soleil jusqu’à dix heures, je fume et prends mon chocolat, assis à ma fenêtre, en regardant deux plantes espagnoles, un genêt qui s’élève entre les masses d’un jasmin : de l’or sur un fond blanc, une image qui fera toujours tressaillir un rejeton des Maures.”
La rue Hillerin-Bertin allait de la rue de Varenne à la rue de Grenelle. Nombre d’hôtels ont disparu et la Hillerin-Bertin a été intégrée dans la rue Bellechasse, ou Belle-chasse, aujourd’hui “de Bellechasse”.
Pour séduire Macumer, Louise de Chaulieu lui fait porter un message par sa très cinématographique servante Griffith :
“Ma chère, Griffith est sortie, elle est allée rue Hillerin-Bertin, elle a fait remettre ce poulet à mon esclave qui m’a rendu sous enveloppe mon programme mouillé de larmes. Il a obéi. Oh ! ma chère, il devait y tenir ! Un autre aurait refusé en écrivant une lettre pleine de flatteries ; mais le Sarrasin a été ce qu’il avait promis d’être : il a obéi. Je suis touchée aux larmes.”
Bientôt Louise épousera son esclave Macumer.
Est-ce Mossieu et Madame de Macumer que Lio-Mei, la petite masseuse chinoise, essaye d’achalander avec son petit dazibao, collé sur une tuyauterie de la rue Hillerin-Bertin ?