LES CARNETS DE L’ANGE AVEUGLE – Le Paris de Balzac n’existe pas
Les feux follets de la Rue du Tourniquet Saint-Jean
11 janvier 2010
Balzac était très fier de sa description de la Rue du Tourniquet Saint-Jean, qui ouvre Une double famille : “La rue du Tourniquet-Saint-Jean, naguère une des rues les plus tortueuses et les plus obscures du vieux quartier qui entoure l’Hôtel-de-Ville, serpentait le long des petits jardins de la Préfecture de Paris et venait aboutir dans la rue du Martroi, précisément à l’angle d’un vieux mur maintenant abattu…“.
Dans la préface d’Une fille d’Eve, il cite cette description comme le parangon de son travail d’archéologue de la ville de Paris. Le quartier qui séparait l’Hôtel de Ville de l’Eglise Saint-Gervais avait été démoli en 1823 et c’est par un travail précis de mémoire quen 1830 Balzac en restitue l’aspect avec force détails et précisions. “Ses descriptions de l’époque, éclatantes d’intelligence et de poésie, ne sont surpassées en exactitude par aucun des travaux les plus récents des historiens de Paris” note Anne-Marie Meininger. (Mon ami Pascal D. vient de me confirmer ce que je savais déjà : pour goûter pleinement Balzac, il faut prendre le temps de savourer toutes les notes en fin de volume de l’édition Pléiade).
J’ai pris ces photos de la Rue Lobeau, percée en 1838 à l’endroit où se trouvait la rue du Tourniquet Saint-Jean, à travers la fenêtre du bus 96 (destination Porte des Lilas), que M. et moi préférons au métro lorsque nous remontons vers la République, après une séance de cinéma au Faubourg Saint-Germain. L’effet “bougie”, que M. appelle l’effet Wong Kar-Wai, produit des traînées lumineuses en tournis. Ces sont les feux follets qui accompagnent les âmes de Caroline Crochard, de sa mère et de Monsieur Roger .
Enregistrer
