Le Paris de Balzac n’existe pas. Lorsque j’ai commencé à lire Balzac, j’avais seize ans, je croyais que ce monde existait, et qu’un jour il me serait donné de le parcourir. Les noms de rues, de places, de boulevards, résonnaient dans le vide. Je ne les connaissais pas, et je n’arrivais pas à dresser un plan fictif du labyrinthe. Je perdais ainsi le sens de ce décor urbain, dont il nous est dit qu’il est tellement important pour la caractérisation des personnages. On ne devrait pas lire Balzac à seize ans. Cela vous fait mal. Vous n’avez rien vu dans votre ville de province et vous croyez pouvoir aborder les femmes comme Felix de Vandenesse aborda Madame de Mortsauf. Sauvage et gauche. Les femmes de Balzac n’existent pas, pas plus que le Paris de Balzac. Cette découverte vous fait plus mal encore, et ce ne sont pas les inévitables adaptations cinématographiques ou télévisuelles qui vont vous guérir de cet amer constat.
Voilà que je viens de m’inventer un remède à ce vieux mal : photographier les lieux balzaciens dans leur état actuel, immergés dans leur cruelle banalité, et souvent, dans leur absence même. Il ne s’agira pas d’établir la vraisemblance, d’essayer de retrouver telle ou telle façade. Pas de soucis de repérage. La simple envie de voir ce qu’il en est, pour se débarrasser de fantômes. Décaper la littérature par le regard neuf de la photographie.
Sauf mention contraire, toutes les photographies publiées sur ce blog ont été réalisée par L’ange aveugle et sont protégées par le droit de la propriété littéraire et artistique.
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