Les carabiniers
Toujours Godard ! Dans Les carabiniers (1963), deux belles vivant dans une baraque lisent, malgré tout. Oh, pas grand chose. Vénus (Geniève Galéa) lit des magazines féminins, qui lui permettent de se prendre pour une dame du monde. Une Bovary de terrain vague, en somme. Elle lit devant sa baignoire, au dessus de laquelle pendouille un miroir. Après Charlotte et Véronica, c’est la troisième fois qu’une lectrice apparaît devant un miroir.
Vénus et Cléopatre (Catherine Ribeiro) lisent également les cartes postales (pleines de cyniques et naïves considérations sur la guerre) que leur envoyent Ulysse et Michel-Ange, partis en guerre à la demande d’un Roi imaginaire (un royal Président de la République royale ?). A diverses reprises, nous voyons Vénus devant une petite boîte aux lettres, récupérant hâtivement lesdites cartes.
Pendant que Vénus lit une carte postale, Cléopâtre se regarde dans un miroir. Puis elles permuttent. Pourquoi cette association récurente chez JLG de la lecture et du miroir ?
Soudain, Vénus retourne un magazine déployé, avec une double page de publicité pour les soutiens-gorge Rosy, dont la taille est parfaite pour couvrir son buste et donner l’impression qu’elle offre ses seins comme une prostituée dans un poème d’Aragon. Erotisme de la critique de la société de consommation alla Godard !
La résistante blonde qui récite MaÏakovski
Toujours dans « Les Carabiniers » de Godard, une jeune résistante blonde récite une fable de Maïakovski, avant d’être fusillée.
D’ autres cartes postales arrivent …
Pendant qu’une chanteuse à la voix rocailleuse (Piaf ? Frehel ?) chante La der des ders, Vénus lit un magazine dont le titre commence par « Votre ». Votre beauté, je suppose, ma jolie.